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Luang Prabang // La perle du sud-est asiatique 

    Nous descendons les eaux du Mékong en direction de Luang Prabang. Fleuve mythique prenant sa source au Tibet oriental et parcourant 6 pays pour finalement se jeter dans la mer de Chine. Au Laos, les eaux de cette colonne vertébrale économique de 4800 km de long sont considérées comme « le sang des Lao ». Ce sont les eaux de ce fleuve que nous souhaitons longer ces prochaines semaines jusqu'à son embouchure au Vietnam en passant par le lac Tonlé Sap au Cambodge .

 

 

 

     Le 30 mars 2014, nous commençons à descendre le Mékong. Depuis notre bateau, nous observons sur les berges de nombreux et minuscules villages tribaux s’organisant parallèlement au courant. Il ne dépasse que leurs toits de chaume de l’épaisse végétation qui borde le lit du fleuve. Nous prenons le temps d’observer ces peuples du Mékong vivant ici étroitement avec leur milieu naturel et ayant pour unique lien avec le reste du monde la voie fluviale. Ils vivent de la pêche, de la chasse et de la culture sur brulis, cette culture amène une étrange atmosphère aux méandres du Mékong. Nous avons le sentiment lorsque nous nous approchons de Luang Prabang, d’arriver en plein cœur d’une scène du célèbre film « Apocalypse Now » de Coppola. Dans une chaleur infernale, des cendres tombent tout au long de la journée sous un soleil couvert par d’épais et sombres nuages de fumée créant ainsi un ciel opaque rougeâtre.

     Beaucoup de questions et d’images nous viennent à l’esprit lorsque nous nous approchons de cette ville que certains nomment « la perle de l’Asie du Sud Est ». Après deux jours de bateau, nous faisons nos premiers pas dans cette ville coloniale et y découvrons très vite un impressionnant mélange d’architectures, de styles, et de matériaux extrêmement bien préservés. Malgré cette étrange lumière, nous sommes plongés dans une atmosphère paisible qui paraît presque inébranlable. C’est apparemment sa difficulté d’accès, encore aujourd’hui, ainsi que son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO qui lui ont permis de préserver cet aspect originel et typique. Nous y rencontrons Laurent Crampon, un architecte ayant collaboré à l’élaboration des plans de sauvegarde de la ville. Plus tard, François Greck, architecte installé à Vientiane qui a longuement étudié l’histoire des peuplements de la péninsule indochinoise; tous deux nous racontent l’histoire de Luang Prabang et de son territoire.

 

 

 

     François nous explique que trois grands groupes ethniques Akha, Hmong et Lao ont migré du Sud de la Chine à partir du XIIème siècle et se sont installés au bord des rivières pour y établir la culture en rizières encore inconnue en Asie du Sud Est. Les rivières, étant une grande source de richesse, représentent aussi le meilleur moyen de communication du pays. Une partie de ces populations construisirent la trame urbaine traditionnelle de Luang Prabang qui est devenue au fil du temps une capitale prospère grâce à son emplacement sur la route de la soie. Elle connut par la suite une forte période d’instabilité et de pillage par les birmans et les chinois. Au XIXème siècle, sous le protectorat, les français la reconstruisirent et y installèrent une nouvelle trame urbaine, des bâtiments administratifs et une architecture coloniale tout en préservant de façon très respectueuse l’architecture traditionnelle, les jardins et les charmantes petites ruelles conférant à cette ville sa douceur de vivre. Selon Laurent, Luang Prabang est exceptionnelle car elle est un magnifique mélange d’architectures sophistiquées, d‘édifices religieux, de constructions vernaculaires, et de bâtiments coloniaux.

     L’habitat traditionnel est lui en bois, sur pilotis, souvent entouré d’un jardin agréable et de son verger. En entrant dans l’une d’elle, nous observons que les murs de remplissage, en ossature légère, sont souvent en bambou tressés et recouvert d’un enduit rappelant ainsi l’aspect des bâtiments coloniaux. Cette architecture est induite par la géomancie, science traditionnelle cherchant à capter les énergies du contexte, influençant les manières de s’installer sur le terrain ou encore l’organisation spatiale de la maison. Ces théories enjolivées de mystères et de magie relèvent souvent d’un bon sens constructif. Leurs croyances impliquent que les toitures doivent par exemple, toujours être orientées parallèlement au courant du fleuve. Cela permet en réalité une installation sur pilotis logique, dans le sens de la pente et une ventilation naturelle de la maison induite par les courants du Mékong. Selon Laurent, cette science permettrait aux différentes générations de se souvenir de cette logique constructive et préserverait le bon sens ancestral d’édification. Il est donc intéressant de comprendre que les croyances collectives permettent de faire perpétuer des techniques constructives liées à un territoire.

 

 

 

    

 

Nous restons une semaine à errer dans cette ville et à y découvrir chaque recoin. Tous les matins, au lever du jour, nous observons les ruelles calmes de la ville s’animer par un défilé de milliers de robes couleur safran. De nombreux habitants s’installent alors sur leurs genoux, leurs bras tendus chargés d’offrandes, attendant l’arrivée des moines bouddhistes paradant les uns derrières les autres. Ce spectacle se déroulant dans le silence est captivant et amplifie la magie de ce lieu.

 

 

     Nous partons ensuite en direction du sud, sur de terribles routes sinueuses ne laissant aucun passager sans nausées. Nous faisons une halte à Vang Vieng où de splendides formations rocheuses nous ébahissent lors d’une virée en moto sur les chemins en terre. C'est dans un décor aux teintes vertes et jaunes, troublé par une légère brume, que les montagnes en pain de sucre se dessinent en une succession de plans différents, qui créent ainsi un jeu de perspectives évoquant l'univers onirique, poétique et spirituel des peintures traditionnelles asiatiques. Nous poursuivons notre longue descente vers le sud et pour la suite du voyage, nous optons par souci d’économie et de temps, pour des bus de nuit avec couchette. Lorsque le bus en direction de Pakse arrive, nous nous apercevons que la couchette nous étant réservée est déjà pleine. Le bus est rempli à son maximum et nous nous retrouvons ainsi, installés à 7 dans une couchette initialement destinée à 4 personnes durant 15h. La nuit fut longue et ne pouvant pas dormir, la proximité fut porteuse de rencontres et de discussions avec d’autres voyageurs.

 

 

    Nous arrivons quelques jours plus tard aux 4000 îles, ici le Mékong s’élargit et se divise en de multiples bras créant ainsi de petites Îles paisibles. Nous y posons nos bagages pour quelques jours afin de travailler les derniers articles, vidéos et photos du projet , avant de repartir poursuivre notre périple le long du Mékong voir les habitats bordant l’un des plus grands et insolites lacs d’Asie, le Tonlé Sap.

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